DIRECTRICE D'ASSOCIATION DE DEVELOPPEMENT SOCIAL LOCAL

Juillet 2011- Extrait de la lettre d'information CPNEF n° 8

Rencontre avec Anne SEYVE MARKLEY, directrice de l’association ATELEC « Lettres pour l’être » depuis onze ans. Cette association, qui emploie sept salariés soit cinq ETP, a pour but la lutte contre l’illettrisme.

Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?


J’ai envie de dire que je n’ai pas choisi ce métier… c’est lui qui m’a choisi ! Je ne me suis jamais dit « je souhaite travailler dans une association de lutte contre l’illettrisme » et pourtant lorsque cette opportunité s’est présentée, cela m’a paru logique, comme étant le résultat de mon histoire. A première vue, mon parcours professionnel semble un peu guidé par le hasard, cependant il y a une complémentarité dans mes choix de formation.

Quel est justement votre parcours de formation ?


Je me destinais à être institutrice mais en fin de formation, j’ai décidé d’abandonner cette voie. Je me questionnais alors sur l’accompagnement des élèves en difficulté et on m’a conseillé de me réorienter dans l’éducation spécialisée. J’ai donc obtenu mon diplôme d’éducateur spécialisé et j’ai ensuite travaillé auprès d’enfants en très grande difficulté d’apprentissage.
Parallèlement, je me suis intéressée ’ai développé une curiosité surà l’illettrisme en France, le sujet m’interpellait et j’ai mené des recherches personnelles.
J’ai souhaité alors passer mon DEFA pour ne pas rester dans le secteur de l’éducation spécialisée, secteur que je commençais à trouver trop « étroit ».

Et votre parcours professionnel ?


Je suis rentrée à ATELEC pour répondre à une question « quelles actions peut-on mettre en place vis-à-vis de personnes en situation d’illettrisme ? ». C’était le sujet de mon mémoire.
Le DEFA obtenu, j’ai été embauchée sur le poste de directrice et cette question théorique est alors devenue un véritable enjeu professionnel, un défi quotidien à relever.
J’ai croiséJe me suis appuyée sur mon expérience d’enseignante et d’éducatrice pour mettre en place des actions adaptées, où le bien être et le mieux être sont prédominants. N’oublions pas qu’il s’agit de donner envie à des adultes de recommencer à apprendre, de se remettre dans une situation dans laquelle ils ont été précédemment en difficulté !
C’est donc un travail de recherche permanent, rien n’est jamais abouti, nous devons toujours être en éveil, en réflexion sur nos choix, nous remettre en question…

Comment envisagez vous votre avenir professionnel ?


Je reste passionnée et enthousiaste sur l’accompagnement de personnes en situation d’illettrisme. Malheureusement je suis très pessimiste sur l’avenir d’associations comme la nôtre, en raison de la baisse des moyens accordés.
Cette « course à l’argent » est un aspect du métier qui est épuisant et décourageant et nous plonge dans une incertitude professionnelle permanente.
Je n’ai pas d’inquiétude sur mon propre avenir, j’ai la chance d’avoir des compétences ré-investissables ailleurs, mais je m’interroge sur l’avenir de notre association et de ses actions.